Accord UE-Mercosur : quel impact sur les Antilles-Guyane ?
Accord UE-Mercosur : quel impact sur les Antilles-Guyane ?

Accord UE-Mercosur : quel impact sur les Antilles-Guyane ?

Alors que l’accord va bientôt être approuvé par les instances européennes, la France multiplie ces derniers mois les démarches pour tenter de bloquer l’adoption de ce traité commercial et a même trouvé un allié en l’Italie pour essayer de faire entendre ses contestations. En effet, cet accord suscite une vive opposition du monde agricole, surtout français.

L’accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, conclu en juin 2019 après plus de deux décennies de négociations, constitue un partenariat commercial stratégique visant à renforcer les liens économiques et politiques entre les deux blocs. Sur le plan juridique, il s’agit d’un accord d’association comprenant un pilier commercial, ainsi que des volets de coopération politique et de dialogue institutionnel. Il prévoit la suppression progressive des droits de douane sur plus de 90 % des échanges de biens, facilitant l’accès des entreprises européennes aux marchés sud-américains et vice versa. D’un point de vue économique, l’accord est conçu pour dynamiser les échanges bilatéraux, en particulier dans les secteurs agricoles, industriels, automobiles et des services. Il comprend également des dispositions sur la protection des indications géographiques, la propriété intellectuelle, les règles d’origine, les marchés publics et le développement durable. Politiquement, il s’inscrit dans la volonté de l’UE de renforcer sa présence géostratégique en Amérique latine, tout en consolidant des partenariats fondés sur des valeurs communes comme l’État de droit, la démocratie et la coopération multilatérale. Cet accord illustre ainsi l’ambition de créer un cadre économique et politique stable et prévisible entre l’Europe et le Mercosur, dans un contexte où l’Union européenne cherche de nouveaux partenaires commerciaux face au désengagement des États-Unis.

Cet accord est décrié par les agriculteurs, mais aussi par les ONG pour plusieurs raisons.

  1. Du point de vue environnemental : l’accord va de fait encourager l’augmentation de la production agricole au Brésil (de viande bovine et de soja), ce qui se traduit inévitablement par une intensification de la déforestation en Amazonie. De plus, l’accord est en totale contradiction avec les objectifs du Pacte vert européen, qui veut une neutralité carbone pour les pays européens en plus d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout ce que l’augmentation du commerce avec un autre continent n’encourage pas.
  2. Du point de vue des agriculteurs : il y a un risque avéré de concurrence déloyale car les produits issus du Mercosur (viande, sucre, éthanol) ne sont pas soumis aux mêmes règlementations et normes environnementales que les produits issus des pays européens : les normes environnementales, sociales et sanitaires sont bien inférieures à celles imposées dans l’UE. Ceci entrainant forcément des prix pour les agriculteurs élevés. La menace est double pour les agriculteurs européens : les prix des produits du Mercosur, jugés bon marché, seront forcément inférieurs à ceux des produits européens, car ils n’ont pas les mêmes standards sanitaires en plus des normes imposées, ce qui entrainera forcément une chute des prix. Dans un monde où le pouvoir d’achat est en baisse, les consommateurs se tourneront vers des produits moins chères même si la qualité est moindre, au détriment des agriculteurs européens.

Cet accord est dangereux pour le monde agricole : en voulant prioriser toujours plus de libre échange, l’Union européenne pourrait défavoriser ses propres citoyens, fragilisant des exploitations françaises et européennes déjà sous pression. Cet accord révèle les limites du libre-échange et de la mondialisation : les intérêts économiques de l’Union européenne ne semblent ici pas prendre en compte les réalités locales, mettant en danger l’agriculture européenne qui a des coûts de production plus élevés, car soumis aux règlementations européennes. La contradiction est en plus totale.

Mais cet accord aurait en plus un impact sans précédent sur les Antilles-Guyane : les agriculteurs guyanais, guadeloupéens mais aussi martiniquais vont être fortement touchés si l’accord est signé tel que le souhaite l’Union européenne. Tel que l’accord est conçu, aucune spécificité n’est prise en compte pour la Guyane française alors qu’elle partage une frontière avec le Brésil. L’accord UE-Mercosur pourrait offrir une opportunité pour les Antilles-Guyane de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’Hexagone, mais pas dans l’état actuel de l’accord. De plus, cela dépend de plusieurs

L’accord UE-Mercosur pourrait permettre aux Antilles et à la Guyane de développer leurs échanges commerciaux avec l’Amérique du Sud, grâce à leur proximité géographique avec cette région. Il offrirait de nouveaux débouchés pour les productions locales, comme l’agroalimentaire ou le rhum, tout en facilitant l’importation de biens à moindre coût. En diversifiant leurs partenaires économiques, ces territoires pourraient ainsi réduire leur dépendance vis-à-vis de la métropole, dynamiser leur économie locale et renforcer leur intégration dans leur environnement régional.

Tel qu’il est actuellement prévu, l’accord UE-Mercosur pourrait avoir des répercussions négatives sur la production locale en Antilles-Guyane. En facilitant l’entrée de produits agricoles et industriels sud-américains souvent moins chers, issus de filières à faibles coûts de production et soumis à des normes environnementales ou sanitaires moins strictes, l’accord risque de créer une concurrence déséquilibrée pour les producteurs locaux. Des secteurs déjà fragiles, comme l’agriculture (banane, canne, maraîchage), pourraient voir leurs parts de marché diminuer face à des importations à bas prix. Cela menacerait non seulement l’activité économique mais aussi l’emploi local et la souveraineté alimentaire de ces territoires, si aucune protection ou mesure d’accompagnement n’est mise en place.

À voir si la France va réussir à renégocier certains termes de l’accord pour prendre en compte les revendications des agriculteurs !

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